Traitement des effluents vinicoles : plus qu’une nécessité, une obligation

L’information Agricole du Rhône – 04/11/1999

Deux étudiants de l’ISARA viennent de terminer une étude à la demande du Conseil Général du Rhône. Il s’agissait de quantifier les rejets et d’évaluer leurs conséquences sur l’environnement, de proposer des solutions adaptées au contexte local et d’en chiffrer l’impact économique, puis d’évaluer le coût global de l’épuration liées aux activités vinicoles du Rhône à partir de l’étude de deux zones-tests (la Vallée de la Galoche et la commune de Chiroubles). Le traitement collectif et en particulier l’épandage sont plus économiques.

La cave de Quincié est équipée d’un système aérobie séquentiel (SBR). Un traitement biologique aérobie qui dépollue à 97 % en peu de temps, nécessite peu de formation, génère de faibles coûts de fonctionnement et s’intègre au paysage lorsqu’il est enterré.

Pour l’instant, seuls les nouveaux cuvages de plus de 500 hl ou les agrandissements ont obligation de se munir d’un système de traitement des effluents vinicoles. D’autre part, en dessous d’un seuil de pollution correspondant à une vinification de 1 800 hl, l’Agence de l’eau ne prélève pas de redevance pollution. Il est néanmoins nécessaire de se préparer au cas où la réglementation sur les installations classées et les règles de l’Agence de l’eau deviendraient plus draconiennes.

Les rejets vinicoles sont polluants car constitués d’eaux de rinçage qui entraînent des pertes de matière première et des sous-produits. A ceci s’ajoutent les eaux de nettoyage du matériel et du sol. Les bourbes liés et eaux de détartrage font l’objet d’une gestion spécifique. L’effluent vinicole est donc particulier, constitué d’eaux putrescibles (à forte charge biodégradable) génératrices d’odeurs et d’acidité. Il ne contient pas de produits toxiques mais contient de la matière organique en grande quantité et libérée sur une courte période. Ce qui entraîne l’asphyxie des milieux aquatiques. Et justement, les débits des cours d’eau sont faibles au moment des pointes de rejet !

Prévention et solutions

Bien sûr, il existe des mesures préventives limitant la pollution. On estime qu’un cuvage consomme en moyenne 100 litres d’eau par hectolitre de vin produit. Notamment, l’installation de compteurs d’eau, l’utilisation de nettoyeurs à haute pression et de robinets à l’arrêt automatique permettrait de réduire cette consommation. Car diminuer la pollution passe d’abord par une meilleure gestion de la consommation. Les mesures curatives sont néanmoins incontournables, qu’elles soient entreprises individuellement ou collectivement. Le traitement des effluents vinicoles peut être réalisé soit par épandage, soit par épuration en station vinicole. (Installation à l’image de ce qui existe en cave coopérative) ou bien encore en station collective mixte.

Avec la première solution, qui est plus économique, le recours à un prestataire de services est avantageux. L’inconvénient est de trouver des terres épandables dans des zones déjà saturées en effluents vinicoles. Parmi les autres solutions de traitements, la station d’épuration vinicole prévoit soit un stockage aéré avec recirculation de l’effluent (parmi les solutions les plus adaptées et pour des capacités supérieures à 10 000 hl), soit une évaporation forcée. Plus la taille du collectif est importante, plus les coûts se rapprochent de ceux des caves coopératives. En station d’épuration collective mixte, les coûts sont plus élevés mais cela peut s’avérer une solution intéressante pour les cuvages actuellement raccordés à une station d’épuration de grande taille et qui fonctionne avec de bons rendements (le viticulteur ne participe alors qu’aux frais de fonctionnement). Une convention est alors signée entre le ou les viticulteurs et le syndicat d’assainissement. Dans tous les cas, le raisonnement autonome est le plus coûteux.

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Etapes préliminaires

Afin de conseiller au mieux un collectif de viticulteurs qui souhaite mettre en place un système de traitement, une étude de site serait nécessaire afin d’adapter les coûts au contexte local. A ceci s’ajoute le plan d’épandage si la filière épandage est retenue. Il s’agit ensuite d’aménager le cuvage et notamment de raccorder le cuvage à la cuve de stockage.

Certes ces investissements sont importants, mais des aides sont prévues. Le Conseil Général finance déjà à hauteur de 8 % les travaux mis en œuvre par les viticulteurs pour traiter leurs effluents vinicoles. L’Agence de l’eau et le Conseil Régional devraient également participer. De plus, les économies d’échelle sont d’autant plus importantes que la taille du collectif est grande. Ce qui nécessite une bonne information sur les modalités du traitement des effluents vinicoles et l’implication de toutes les volontés locales.

Ne pas oublier les boues

Après le traitement des effluents vinicoles, restent des sous-produits et notamment les boues d’épuration. Le magazine Viti de septembre rappelle que la prime d’épuration est désormais calculée sur la base d’un coefficient de destination des boues. Seules les structures importantes, qui payent déjà une redevance à l’Agence de l’eau comme les coopératives sont concernées « les primes s’annulent pour celui qui épure sans se préoccuper de ses boues » précise Laurent Laskri, chargé de mission environnement à la FRCARA (Fédération Régionale des Coopératives Agricoles de Rhône-Alpes). Une incitation financière encourage le suivi agronomique, un cahier et un plan d’épandage ainsi que la preuve d’un sol dont la qualité n’est pas altérée par l’épandage. Le magazine précise que si les rejets vinicoles en quantité raisonnable sont bénéfiques pour la prairie en automne, l’épandage sur vigne semble le mieux adapté au contexte social.