L’INRA s’associe aux « ateliers d’occitanie » – un mariage prometteur

LA DEPECHE – 17/06/96

Quand un scientifique rencontre un industriel, le résultat peut être étonnant sur le plan économique. C’est l’histoire vécue par l’INRA et les « Ateliers d’Occitanie ». Un mariage exemplaire.

Qui de l’un ou de l’autre à fait le premier pas ? Courtoisement, les deux hommes se renvoient la balle. L’essentiel pour eux est qu’ils se soient rencontrés, car de cette rencontre naissent d’immenses espoirs pour le développement économique de « leur » région.

L’un est scientifique, René Moletta dirige le laboratoire de biotechnologie de l’environnement à l’INRA de Narbonne. L’autre est industriel, René Aybram est le remuant PDG des « Ateliers d’Occitanie », spécialisés dans la construction de wagons. Et ensemble, ils sont l’éclatant exemple que lorsque le monde de la recherche daigne faire l’effort de rencontrer celui de l’industrie (et vice et versa) le résultat peut être exceptionnel. Un résultat du reste déjà salué comme tel par de grands médias spécialisés. L’on citera le numéro de juin de « Industries et Techniques » ou encore le magazine d’Air Inter Europe.

René Moletta développait avec son équipe de l’INRA depuis de longs mois une technique d’épuration des effluents agro-alimentaire. Le procédé SBR (Réacteur Batch Séquentiel), qui fait appel à des techniques anciennes, avait à ses yeux les énormes avantages d’être peu coûteux, souple de mise en œuvre et surtout applicable à de nombreuses pollutions pour peu qu’elles restent en quantité limitée. Le scientifique avait donc le procédé. Il restait à lui faire franchir les limites du laboratoire pour espérer le voir vivre au travers d’une application industrielle. Et c’est là bien sûr qu’est intervenu René Aybram. Le savoir-faire des « Ateliers d’Occitanie » mis au service de la recherche a très vite abouti à la réalisation de la première station mobile d’épuration, construite à partir de wagons-citernes recyclés. Cette première unité pilote était installée au Domaine du Mouton et les résultats furent très satisfaisants. Si satisfaisants que l’audience de cette réalisation auprès des professionnels commença à enfler. « Ce procédé prend une ampleur nationale » se réjouit René Aybram, dont l’entreprise livre aujourd’hui lundi sa première « vraie » réalisation au Château de Berne, dans le Var. Il s’agit d’une unité qui traitera les effluents vinicoles. Déjà des stations, fabriquées par les « Atelier de l’Occitanie » sous licence INRA, sont demandées dans le Bordelais, en Alsace par un lycée agricole.

Les perspectives de développement paraissent illimitées car il faut savoir que le procédé est applicable à de nombreuses formes de pollution, vinicoles, laitières, de porcheries mais également urbaines pour les villes de moins de 1 000 habitants.

René Aybram et René Moletta sont des hommes heureux, heureux de s’être rencontrés et de pouvoir travailler ensemble. Le premier entrevoit des perspectives de développement pour son entreprise et la région (il y tient) qu’il ne soupçonnait pas voilà quelques mois et le second se félicite, pour la recherche, des royalties (le laboratoire INRA touchera 5 % du montant des ventes) que l’association va générer. La preuve qu’industrie et sciences ont tout à gagner à un rapprochement